Cher journal,

Flo, Sebastian et moi avons commencé à construire les ponts suspendus. Le pont inférieur relie l'arbre sur lequel se trouve la cabane à l'arbre voisin. Le pont supérieur connecte quant à lui l'arbre voisin à la cabane, afin que nous puissions nous déplacer entre les deux arbres.

Encore une fois, c'était une expérience inédite pour nous. Eh oui... Après la crise du dôme, nous étions à nouveau en mode freestyle.

Nous nous sommes mis au travail en suivant des instructions glanées sur Internet et les conseils d'un spécialiste qui a construit un jardin d'escalade dans notre voisinage. Tailler des bois équarris pour la structure n'a plus de secret pour nous.

Enfiler les câbles, visser les planches sur lesquelles nous marcherons, hisser le tout dans l'arbre et l'aménager, rien de plus facile. Cette fois, ce qui a mis nos nerfs à rude épreuve, ce sont les mains courantes du pont inférieur. Déjà que nous les avions placées trop bas, en plus nous ne l'avons remarqué que quand tout était fini et que toutes les cordes étaient tendues. Les laisser tel quel? Impossible. Un faux mouvement, et c'est la chute assurée.

Nous avons d'abord fait une pause, dîné dans une ambiance plutôt maussade puis pris une décision fort désagréable: Les ôter pour les retendre plus fermement. Le problème: les câbles de sécurité, croisés et tendus sur les côtés du pont, étaient ensuite trop courts. Il nous a fallu tout mesurer et découper à nouveau. Nous avons perdu une demi-journée de travail et continué jusque dans la nuit. Mais ça en a valu la peine. Le pont a fini par regagner en stabilité, et les mains courantes par avoir la bonne taille.

Ne me demandez pas comment nous avons fait pour tenir le coup, mais nous avons continué jusqu'à très tard, et nous avons même construit l'escalier entre le pont inférieur et le pont supérieur. Puis nous sommes enfin allés nous coucher. La nuit fut courte, nos cernes profondes, mais nous voulions absolument terminer. Tôt le lendemain, nous avons posé le petit escalier de quatre mètres qui va du sol au pont inférieur et remplace la satanée échelle que nous utilisions auparavant. Et le tour était joué.

La cabane devait être terminée en septembre... enfin, c'est ce qui était prévu. Nous sommes en octobre, et nous n'avons toujours pas terminé. Nous avons dû hisser un mur sur la plateforme, remplir le dôme de polycarbonate et installer les filets de sécurité autour des ponts. Mais nous voyons le bout du tunnel. La cabane ressemble déjà beaucoup plus aux esquisses du début de l'année. Ça nous motive. Nous sommes très fiers de nous.

Au fait, ma prochaine entrée – qui sera aussi la dernière – sera une vidéo. Jendrik filmera nos derniers travaux. Ça nous permettra d'avancer plus vite, pour que ma fille de quatre ans puisse enfin profiter de la cabane. Elle me demande depuis des mois quand je pourrai lui montrer la vue depuis en haut. A présent, je peux lui dire: «Bientôt, très bientôt. Promis.»

Lucas

Châteaux en tessons et morceaux de céramique, gigantesques radeaux, cabines de DJ mobiles: Lucas Wahl a vu plein de choses. Et il a su passer à l'action au bon moment. Photographe, il part à la recherche des créateurs depuis les débuts de notre magazine. Avec son journal de bord, il montre pour la première fois ses propres talents de créateur.

Lucas Wahl

Texte: Raconté par Esther Acason | Accroche: STYMKY © Timm Paulick | Photos: Florian Manz, Julius Schrank, Sebastian Heidelberger, Lucas Wahl