La déclaration d‘amour au bois
Søren Engel préfère travailler avec et non contre le bois. Il taille avec précaution des structures déjà formées dans le bois. Comment procède-t-il? Avec beaucoup de doigté et d‘amour pour ce matériau.
Je m'exprime à travers le bois, d'une manière qui m'est impossible avec le dessin, la musique ou les mots. Ce matériau me parle.»
Søren Engel
Søren lit le bois comme d’autres lisent des livres. Ce sont le sens du bois et les veinures qui forment les «mots». Lorsqu’il reçoit une nouvelle pièce de bois, il la lit avec ses sens. Il l’observe, la sent, l’écoute et la caresse. Il ferme parfois les yeux, pose sa main dessus et se concentre sur ce qu’il ressent. Il détermine ainsi ce qu’il en fera, quelle histoire elle a à raconter. Il ne veut pas travailler contre les structures, il veut faire ressortir ce qui se cache déjà à l’intérieur.
Un travail en profondeur
Søren plonge ensuite dans les profondeurs du bois. Il ôte prudemment une partie de l’écorce ou du tronc ou entaille légèrement le bois si nécessaire. Il vérifie l’état du bois sous la surface, sa dureté et sa coloration, Vérifie la présence de champignons. Cela pourrait dissuader d’autres sculpteurs, mais pas lui. Les champignons changent la structure, la fermeté et la couleur du bois, ce qui rend le travail encore plus fascinant.
Des sculptures vivantes
Søren veut laisser le bois évoluer une fois ses œuvres finies. Il n’utilise donc que rarement huile, cire ou laque. Le bois réagit à l’acidité de la pluie; de la mousse peut y pousser ou des insectes s’y installer. Les sculptures sont en constante évolution. Elles vivent.
Des contrastes attirants
Søren travaille de nombreuses heures pour donner une forme grossière à un tronc à coups de hache et de tronçonneuse et pour enlever le superflu. Les finitions (ponçage et limage) ne lui prennent par contre que quelques heures. Ce contraste entre le long travail et ennuyeux préliminaire et l’étape finale simple, courte et subtile qui donne un résultat parfait fascine l’artiste.
Texte: Benjamin Kuschnik | Réalisation: Benjamin Kuschnik | Caméra: Simon Hollmann/Jendrik Hillebrecht