Un vélo en bois
Un vélo standard? Sans intérêt pour Carsten. Il en fabrique un lui-même. Ce qu’il a de particulier: son cadre est en bois.
«Est-ce qu’il est solide? Ai-je oublié quelque chose?», c’est ce que Carsten Levermann s’est demandé lorsqu’il est monté sur son vélo pour la première fois. Se mettre en selle, s’élancer et...?
Sept mois plus tôt
Carsten d’Osnabrück a besoin d’un VTT. En fait, il en a un, mais il se trouve chez ses parents, à 150 kilomètres de là. Il lui en faut un deuxième. Pas question pour lui d’acheter dans le commerce un vélo standard avec un cadre en aluminium ou en acier. Trop banal. Il a envie de se lancer dans un défi bricolage. Comme d’habitude. Qu’il s’agisse d’un lampadaire, d’un barbecue ou d’une imprimante 3D, Carsten fabrique tout lui-même dans une pièce de cinq mètres carrés dans sa cave.
Se procurer les matériaux
Voyons, alors, un vélo. Avec un cadre en bois. Ça a l’air génial. Il fait des recherches et est d’abord surpris: Un vélo comme ça, plus de composants qu’il ne s’imaginait. Près de 40 pièces. Et chacune existe dans des versions et des dimensions différentes. Il prend pour modèle un VTT standard et trouve les bonnes pièces, certaines dans le commerce, certaines d’occasion. Pour le cadre, un beau bois pour réaliser les différentes couches: trois en acajou, chacune faisant 5 mm d’épaisseur, et deux couches en aulne, de 15 mm d’épaisseur chaque.
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(Ré)inventer le vélo
Il commence avec le cadre: découpe l’acajou et l’aulne dont il a collé les couches avec de la colle à bois et de la résine époxy. Il pose de fins tubes en laiton pour les câbles de frein et de dérailleur, perce trois trous avec la perceuse à colonne: pour la fourche à suspension (48 mm de Ø, environ 15 cm de profondeur), pour la tige de selle (35 mm de Ø, environ 25 cm de profondeur) et pour le pédalier (40 mm de Ø, environ 68 mm de profondeur). Il respire un bon coup avant d’insérer les douilles en métal dans les trous. C’est bon. C’est stable. Parfait!
Au tour ensuite des bases et haubans, un challenge! Ils doivent avoir une forme de S: sur une extrémité, ils doivent passer tout près du cadre pour que les pédales puissent tourner sans encombre avec le pied dessus, mais en direction de la roue, ils doivent s’élargir pour laisser de la place pour les pneus et le moyeu. Donc pour obtenir le bon élan, il faut une pièce faite en panneau d’aggloméré. Les bases et haubans ensuite sont fabriqués dans un contreplaqué spécial et en acajou, placés au-dessus de la vapeur d’une bouilloire et pressés au moyen de serre-joints pour obtenir le cintrage voulu.
Une fois secs, les bases et haubans sont collés au cadre. Pour que la roue arrière soit bien dans l’axe, les haubans sont fixés avec une cheville, les bases sont automatiquement stabilisées avec le dérailleur. Mais il fallait encore concevoir un dispositif fait de longues poutres en bois pour ensuite apporter une fixation supplémentaire aux bases et haubans. Mieux vaut prévenir que guérir.
La touche finale
On poursuit avec la finition: le cadre a été arrondi à la défonceuse, et ensuite à la main. Une application de vernis marin, en plusieurs couches. Cela ne peut pas faire de mal, avec le vent et le temps d’Osnabrück. Il n’y a plus qu’à apposer la signature «Cycle Ligneos» signifie quelque chose comme «vélo en bois». «C.L.» sont, en outre, les initiales de Carten. Bien pensé. Bien fait.
L’heure de vérité: toutes les pièces sont assemblées, le dérailleur, réglé. Carsten prend place: son vélo en bois tient. Et pas que pour ce premier tour. Il roule encore aujourd’hui sans aucun problème.
Le prix
Près de 700 euros, dont environ 60 euros pour le bois. Et près de sept mois de travail. Cela en valait la peine. Ne serait-ce que pour répondre aux questions des regards interrogateurs qu’il rencontre sur la route: «Ouai. Il est en bois. Et c’est même moi qu’il l’ait fabriqué.»
Voici quelques chiffres concernant le vélo de Carsten:
- des roues de 27,5 pouces
- un débattement de 150 mm
- un poids de 13 kg
- un cadre de 3 kg
- 30 vitesses
- des freins à disque hydrauliques
Texte: Esther Acason | Photos: Carsten Levermann